Rire aux éclats ou sourire maladroitement dans des circonstances embarrassantes comme quand quelqu’un se fait mal ou devant la maîtresse en colère… si ces réactions incongrues de votre enfant vous inquiètent, rassurez-vous : votre enfant n’est pas un petit sadique ou un détraqué mental. Il s’agit certainement d’un rire nerveux, réaction physiologique déclenché par le cerveau de l’enfant pour l’aider à évacuer l’excès d’émotion.
Le rire nerveux, c’est quoi au juste ?
On ne rit pas seulement dans des situations joyeuses, mais aussi lorsqu’on éprouve un sentiment de honte, qu’on se sent embarrassé ou stressé. Le rire devient alors un mécanisme de défense qui aide l’enfant à composer avec la situation et à se décharger de la pression ressentie.
Pour soulager l’enfant en détresse, son cerveau va produire des endorphines, hormones du bien-être et du plaisir, qui ont pour résultat des manifestations comme le rire ou le sourire. Résultat : au lieu d’agir comme les circonstances l’exigent (pleurer, s’excuser, compatir, proposer son aide), l’enfant se fige et un sourire crispé apparait sur son visage. Certains enfants peuvent éclater de rire, se rouler par terre en se tenant le ventre comme si la situation les amusait fortement.
Ce décalage entre le ressenti interne de l’enfant et la manifestation extérieure peut être déroutant et agaçant pour les adultes. On met cette attitude sur le compte de l’insolence, d’un manque d’empathie ou d’un problème d’éducation, l’explication en réalité se situe ailleurs.
Rire en ayant envie de pleurer
Un de mes garçons a cette tendance à rire quand il fait une bêtise ou encore quand un de ses frères se fait mal. J’avais moi-même été une enfant sensible qui riait maladroitement en situations embarrassantes : je pouvais me mettre à rire devant la classe au lieu de réciter ma poésie, rire quand mes parents se disputaient ou me grondaient, avoir du mal à cacher mon sourire devant une personne handicapée pour qui j’éprouvais pourtant une profonde compassion. Et plus je cherchais à réprimer mon rire, plus il me gagnait. J’avais vite compris qu’il me fallait des clés pour contrôler ces réactions qui pouvaient être problématiques et généraient chez moi honte et culpabilité.
Le rire nerveux doit en effet être bien compris et accompagné. A défaut, nous risquons en tant qu’adultes d’avoir des réactions allant à l’encontre des besoins de l’enfant qui éprouve en réalité le même stress qu’un enfant qui pleure ou qui a peur.
Mes conseils pour réagir à un rire nerveux
On évitera avant tout de gronder l’enfant, de le menacer ou de le punir. Gardez toujours en tête l’idée qu’il ne s’agit par d’un rire sincère, joyeux et mélodieux mais d’un rire maladroit, nerveux et crispé. On dit souvent que les yeux ne mentent pas, et c’est vrai. Le regard d’un enfant qui rit ou sourit nerveusement, n’est pas animé de joie. Malgré le sourire, ses yeux expriment la peur, la honte ou la souffrance.
Prenez de la hauteur et essayez d’avoir la même réaction que vous auriez avec un enfant gêné, anxieux ou stressé. Vous pouvez le prendre dans vos bras et l’aidez à exprimer son émotion avec des mots de réconfort : Ton frère est tombé, tu as eu peur ! Lorsqu’il est bien accueilli, le rire sera souvent suivi par une crise de pleurs, bénéfique et salvatrice, qui permettra à l’enfant d’évacuer les émotions désagréables contenues dans son corps.
Offrir des alternatives
Le rire nerveux est une réaction instinctive, au même titre que les pleurs en cas de douleur ou de chagrin. Soumis à un stress trop important, le système nerveux de l’enfant réagit « en urgence » en adoptant des réactions de défense immédiatement disponibles : se cacher, se figer, pleurer, crier et parfois rire.
Si votre enfant a cette propension au rire dans des moments stressants (ce qui peut par ailleurs lui causer des soucis à l’école ou avec des amis), n’hésitez pas à l’accompagner en lui proposant des solutions qui l’aident à se calmer et à réagir différemment. Il peut par exemple prendre pour habitude de détourner son regard d’une personne qui provoque chez lui ce rire hilare, penser à une scène agréable (dernières vacances, week-end chez papi-mamie), respirer profondément par le ventre 4-5 fois ou encore s’isoler quelques minutes, le temps de se calmer. Rien de tel pour apaiser les émotions envahissantes et retrouver les moyens qui l’aideront à réagir de manière plus adéquate.
Par Elena Goutard, coach parental