Vous savez, ce moment qui fait si mal au cœur ? Quand votre petit détourne le regard à votre arrivée. Quand il refuse votre main pour attraper celle de l’autre parent. Quand il vous lance un « Non, pas toi ! » qui vous transperce. Et là, face au rejet, c’est le tourbillon dans votre tête : « Qu’est-ce que j’ai fait de travers ? », « Je suis nul(le) comme parent… », « Est-ce qu’il m’aime encore ? »
Être un parent rejeté est une expérience profondément douloureuse et déstabilisante. Si vous vivez cela en ce moment, je veux d’abord vous rassurer : vous n’êtes pas seul(e). Et non, vous n’êtes pas un mauvais parent. Ce que vous traversez, beaucoup de parents le connaissent. Et derrière ce rejet qui fait si mal, il y a toujours quelque chose à comprendre. Et ce quelque chose n’a rien à voir avec votre valeur en tant que parent.
Rejet ou préférence ? Apprendre à faire la différence
Avant de vous angoisser, respirons ensemble un instant.
La fameuse « phase papa » ou « phase maman »
Vous avez peut-être remarqué que votre enfant passe par des phases : une semaine, c’est papa qui est LE héros pour tout. La semaine suivante, seule maman peut faire les câlins du soir. C’est normal. Entre 18 mois et 3 ans (et puis à nouveau à l’adolescence), les enfants alternent. Ils explorent, ils testent, ils découvrent différentes facettes d’eux-mêmes à travers chacun de vous. Papa, c’est peut-être l’aventure et les chatouilles. Maman, c’est le réconfort et la douceur. Ou l’inverse, évidemment ! Cette préférence temporaire, ce n’est pas un rejet. C’est juste votre enfant qui grandit, explore et se découvre.
Quand ça devient plus inquiétant
Mais parfois, on sent bien que ce n’est pas qu’une « petite phase ». La distance devient pesante. Votre enfant ne montre plus juste une préférence : il vous évite complètement.
Les signes qui doivent vous alerter :
- Il refuse systématiquement tout contact physique avec vous (câlins, même vous tenir la main)
- Il réagit avec une intensité émotionnelle forte quand vous êtes là : pleurs, cris, colère
- Il vous dit des choses blessantes, encore et encore
- Il évite votre regard, ne vous parle plus vraiment
- Il semble indifférent : il ne cherche plus ni votre réconfort ni votre attention
Là, oui, il se passe quelque chose de plus profond.
(voir aussi l’artcile J’ai l’impression de ne pas aimer mon enfant)
Pourquoi votre enfant vous rejette ? Ce n’est jamais « juste pour être méchant »
Je sais que c’est dur à entendre mais votre enfant ne fait pas ça pour vous blesser. Le rejet, c’est sa façon à lui de dire : « Quelque chose ne va pas mais je ne sais pas comment te le dire. »
Le climat à la maison est peut-être trop tendu
Les cris à répétition, les punitions qui s’accumulent, un ton toujours un peu sec… Tout cela épuise un enfant. Et pour se protéger, il prend ses distances. C’est son mécanisme de survie émotionnelle.
Il cherche désespérément la sécurité
Les enfants ont besoin de prévisibilité, de douceur, de disponibilité émotionnelle… Si, pour une raison ou une autre, ils sentent qu’un parent incarne mieux cette sécurité que l’autre, ils vont naturellement se tourner vers lui – surtout dans les moments difficiles. Ce n’est pas un jugement sur vous. C’est juste que leur cerveau cherche à se sentir en sécurité.
Les conflits de loyauté (surtout en cas de séparation)
Quand les parents sont séparés, les enfants se retrouvent parfois tiraillés. Rejeter un parent devient alors une façon inconsciente de protéger l’autre, de ne pas le « trahir ». Ces conflits de loyauté sont fréquents et terriblement douloureux pour tout le monde.
Les blessures du passé qui refont surface
Une absence prolongée, un moment où vous n’avez pas été disponible émotionnellement (parce que vous-même, vous alliez mal), une rupture dans votre relation… Même si c’était involontaire, même si vous aviez de bonnes raisons, l’enfant peut garder une trace de cette souffrance. Et pour ne plus avoir mal, il se protège : il vous rejette avant que vous ne le « rejettiez » à nouveau.
Ce que vous ressentez, vous, parent rejeté
Être rejeté par son propre enfant, c’est une des expériences les plus douloureuses de la parentalité. Il n’est pas étonnant si vous vous sentez :
- Traité(e) injustement : « J’ai tout donné, et c’est comme ça qu’on me remercie ? »
- Nul(le) : « Je n’arrive même pas à avoir une relation normale avec mon enfant. »
- Seul(e) : « Personne ne comprend à quel point ça fait mal. »
Si, en plus, ce rejet vient réveiller une vieille blessure de votre propre enfance (vous aussi, vous avez été rejeté(e), peu aimé(e) ou ignoré(e)…), la douleur sera encore plus vive. Le mal-être que vous ressentez est donc parfaitement normal et totalement légitime. Reconnaître cette souffrance est le premier pas pour aller mieux et commencer à chercher des solutions (plutôt que de rester dans le déni et de faire semblant que « tout vas bien »).
Comment reconstruire le lien : 5 clés concrètes
1. Ne forcez pas le lien
Je sais, c’est tentant de vouloir « forcer » un câlin, une conversation, un moment ensemble… Mais cela ne marche pas comme ça. Essayez de rester présent(e), de montrer de l’attention, sans être envahissant(e) (l’équilibre est délicat, je sais). Montrez à votre enfant que vous êtes là, toujours, quoi qu’il arrive. Même s’il vous repousse. Même si ça prend du temps. Votre constance, c’est un repère fondamental pour lui, même s’il ne le montre pas encore.
2. Accueillez ses émotions (même si elles vous font mal)
Quand votre enfant vous rejette, essayez de ne pas le prendre personnellement (je sais, c’est dur). Aidez-le plutôt à mettre des mots sur ce qu’il ressent : « Je vois que tu es en colère contre moi. C’est difficile pour moi, mais je comprends que tu aies besoin de temps. » En nommant ses émotions, vous lui montrez que la relation est un espace sûr, même pour les émotions difficiles. Vous lui prouvez aussi que vous faites partie de la même équipe : vous partagez la même difficulté et vous allez la régler ensemble.
3. Le jeu et l’humour : vos meilleurs alliés
Vous savez ce qui marche à tous les coups ? Le rire. L’humour et le jeu permettent de dédramatiser, de relâcher toute la tension qui s’est accumulée. Tentez :
- Une bataille de coussins inattendue
- Un jeu de société qu’il adore
- Une blague pourrie qui le fait lever les yeux au ciel (mais sourire quand même)
- Un dessin à faire ensemble
- Un souvenir drôle que vous racontez
Le rire réactive la complicité. Il rappelle à votre enfant que vous, c’est aussi de la joie et de la légèreté.
4. Reconstruisez le lien petit à petit, sans pression
Oubliez pour le moment les grands moments spectaculaires et misez plutôt sur les petits rituels simples et réguliers :
- Préparer un goûter ensemble
- Une petite marche dehors
- Lire une histoire (même s’il fait semblant de ne pas écouter)
- Cuisiner un plat simple
- Jardiner, bricoler, dessiner
Il n’y a pas mieux que ces petits gestes répétés pour vous rapprocher de votre enfant et reconstruire le lien de confiance.
5. Prenez soin de VOUS
Si le rejet de votre enfant réveille vos propres blessures d’enfance, ne restez pas seul(e) avec cela. Un accompagnement (thérapie, coaching parental, groupes de parole) peut vous aider à apaiser ces douleurs anciennes. Plus vous serez en paix avec votre propre histoire, plus votre enfant pourra se sentir en sécurité à vos côtés.
Le rejet n’est jamais définitif
Je veux que vous reteniez de cet article : le rejet parental n’est jamais une fin en soi. C’est un signal d’alarme. Un appel qui nous invite à comprendre le problème, à réparer et à faire évoluer la relation. Derrière chaque « Je ne veux pas de toi », il y a souvent un « J’ai besoin de toi mais je ne sais pas comment te le dire. »
Votre enfant ne rejette pas votre amour. Il cherche simplement à exprimer un mal-être et à retrouver une complicité dans votre relation.
Avec du temps, de la patience, du jeu, de la douceur (et un bon accompagnement si besoin), le lien peut se réparer, se renforcer et devenir même plus fort qu’avant.
En résumé
✨ Le rejet d’un parent par son enfant n’est jamais définitif
💔 Il révèle une blessure, pas un manque d’amour
🌱 Vous pouvez toujours reconstruire le lien, en y apportant de l’amour et de la présence
🤝 Soigner vos propres blessures est une étape clé pour retrouver une relation apaisée
Par Elena Goutard, coach parentale et thérapeute familiale
Vous traversez cette épreuve en ce moment ? Vous avez besoin d’un espace pour en parler, pour comprendre ce qui se joue et pour trouver des solutions concrètes ? Je suis là pour vous accompagner. Consultations en visio et à mon cabinet en région parisienne. Infos et prise de rdv




