Dans certaines familles, une impression tenace s’installe : c’est toujours le même enfant qui dérange, qui crie, qui se rebelle, qui déclenche les disputes. Petit à petit, il semble incarner à lui seul toutes les tensions du foyer. On le surveille davantage, on le gronde plus souvent, on parle de lui avec inquiétude. Et si on se trompait de cible ? Et si, derrière ce comportement difficile, se cachait en réalité un appel à l’aide ou une tentative maladroite d’exister ?
Pourquoi on pense que toutes les difficultés viennent du même enfant
Quand un enfant a tendance à s’opposer, à crier plus fort que les autres ou à se mettre en colère pour un rien, il attire l’attention… et pas toujours la meilleure. On commence alors à le guetter, à anticiper ses réactions, à interpréter ses moindres gestes comme problématiques. On entre dans un schéma où l’enfant devient l’étiquette qu’on lui a collée.
Ce phénomène est bien connu en psychologie : on appelle cela l’effet d’attente. Inconsciemment, on finit par ne voir que ce qui confirme ce que l’on croit déjà. Résultat : on repère plus facilement les comportements gênants que les moments paisibles, et l’enfant, lui, sent bien qu’il est « celui qu’on ne supporte plus ». Cela renforce son mal-être… et donc ses comportements.
Par ailleurs, dans une famille, chaque enfant tente de trouver sa place. Si l’un d’eux sent que, pour exister, il doit « faire du bruit », provoquer ou s’opposer, alors il risque de s’enfermer dans ce rôle. Ce n’est pas un choix conscient, mais une stratégie de survie émotionnelle.
Pourquoi les réprimandes ne fonctionnent pas avec un enfant difficile
Face à ce comportement qui nous épuise, notre premier réflexe est souvent de réagir vite et fort : punition, menace, privation… On espère ainsi reprendre le contrôle et faire cesser les débordements. Mais dans les faits, cela fonctionne rarement sur le long terme.
Un enfant qui se sent grondé en permanence finit par se construire une image négative de lui-même. Il pense qu’il est « méchant », « nul », « ingérable », et se comporte alors en fonction de cette image. C’est un cercle vicieux : plus il est puni, moins il se sent digne d’amour, plus il se révolte ou se replie sur lui-même.
Comment accompagner un enfant au comportement difficile ?
Heureusement, il est possible de sortir de ce schéma, à condition de prendre un peu de recul et de replacer la relation au cœur de l’équation. Voici des pistes concrètes pour apaiser les tensions et aider votre enfant à sortir de ce rôle qui l’emprisonne.
1. Changer de regard
Plutôt que de voir un enfant « à problème », essayez de voir un enfant en souffrance ou en difficulté. Ce petit déplacement intérieur change tout. Il ne s’agit plus de le corriger à tout prix, mais de l’accompagner, de l’aider à aller mieux. Et un enfant qui va mieux… se comporte souvent mieux.
2. L’observer autrement
Prenez un temps pour observer votre enfant dans différentes situations, sans jugement. À quels moments semble-t-il plus détendu ? Que fait-il quand il ne se met pas en opposition ? Qu’est-ce qui déclenche systématiquement ses crises ? Cela vous aidera à mieux cerner ce qui le dépasse, ce qui l’angoisse, ou ce qui le fragilise.
3. Offrir un espace d’écoute
Un enfant difficile est souvent un enfant qui ne se sent pas entendu. Proposez-lui régulièrement des moments rien qu’à lui, sans agenda ni pression : une balade, un jeu, un temps calme à deux. Ces instants privilégiés renforcent le lien d’attachement et rassurent l’enfant sur l’amour qu’on lui porte.
4. Mettre des mots sur les émotions
Un comportement agité ou provocant cache souvent une émotion mal vécue : colère, tristesse, jalousie, frustration… Aider votre enfant à mettre des mots sur ce qu’il ressent, peut désamorcer bien des conflits :
« Tu avais très envie de ce jouet et tu t’es senti frustré »
« Tu es en colère parce que tu pensais qu’on allait rester plus longtemps »
5. Valoriser ses qualités
Même au cœur de la tempête, votre enfant garde des ressources précieuses : sensibilité, créativité, courage, humour… Prenez le temps de souligner ce qui va bien, même si ce sont de petites choses. Cela renforce sa confiance en lui et lui montre qu’il est capable d’autre chose que des conflits.
6. Réinterroger les dynamiques familiales
Parfois, l’enfant « à problème » exprime un déséquilibre plus large dans la famille : tensions entre les parents, épuisement, attentes irréalistes, sentiment de jalousie envers ses frères et sœurs… Se questionner en tant qu’adulte sur ce qui se passe autour de l’enfant peut ouvrir de nouvelles pistes de compréhension.
Enfant difficile : petit à petit, tout peut changer
Transformer une relation abîmée par des crises répétées prend du temps. Les habitudes ne changent pas en un jour, mais chaque petit pas compte. En abandonnant l’idée que votre enfant est « le problème », vous lui offrez une chance de se libérer du rôle dans lequel il s’est enfermé.
Et souvent, derrière l’enfant qu’on trouvait difficile, on redécouvre un être sensible, drôle, curieux, qui n’attendait qu’un regard aimant pour s’épanouir.
Par Elena Goutard, coach parentale et thérapeute
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