L’emballage rose d’un bonbon, les images colorées d’un dessin animé, les bruits d’un camion de pompier… tous ces éléments dans leur environnement n’échappent pas à l’attention des enfants dont le système nerveux fragile et immature peut vite se retrouver submergé. Ils risquent alors ce qu’on appelle une surcharge sensorielle (en anglais Sensory Overload).
La surcharge sensorielle survient lorsque le cerveau n’arrive plus à traiter les informations perçues. Ces informations arrivent à l’enfant à travers différents canaux : auditif (bruits forts, musique, cris aigus), visuel (lumières, couleurs), olfactif (odeurs désagréables), etc. Il peut aussi s’agir de sensations qui proviennent de l’intérieur (une accumulation de tensions, des émotions). Dans certains cas, l’enfant peut se sentir submergé à la fois au niveau de ses sens (stimuli extérieurs) et de ses émotions (stimuli intérieurs).
Une surcharge sensorielle peut se produire quand l’enfant est exposé à trop de stimuli irritants en même temps ou comme le résultat d’une accumulation, ce qui explique chez certains une fatigue physique et nerveuse en fin de journée. Les émotions positives comme la joie, l’excitation ou la surprise peuvent aussi déclencher une surcharge sensorielle, c’est le cas, par exemple, de Jeanne qui se trouve totalement submergée par ses émotions le jour de son anniversaire (voir plus bas).
Comment reconnaître une surcharge sensorielle ?
En cas d’une surcharge sensorielle, l’enfant ressent toute une palette d’émotions : stress, peur, angoisses, frustration, tristesse. Au niveau physique, la surcharge peut s’accompagner de sensations comme des maux de tête, des douleurs au ventre, une pression dans la poitrine ou dans les tempes. L’enfant peut avoir la sensation de manquer d’air, d’étouffer… Son cerveau perçoit en effet ce trop-plein comme un danger et réagit en conséquence ; la plupart des enfants adopteront ces comportements :
- Un débordement émotionnel ou une explosion : des cris, des pleurs, une crise de colère ou un rire incontrôlé qui vont ainsi permettre à l’enfant de se décharger de ses tensions.
- Un renfermement sur soi : l’enfant s’isole, s’enferme, n’interagit plus et ignore ce qui se passe autour de lui, reste immobile et refuse le contact physique. Cet isolement lui sert à se couper des stimuli extérieurs pour faire le vide et retrouver progressivement son calme.
Voici quelques exemples d’une surcharge sensorielle relevés lors de mes accompagnements. Alors qu’elle s’amuse et rit aux éclats le jour de son anniversaire, Jeanne, 7 ans, explose subitement en larmes et part se cacher dans sa chambre. Ses parents n’arriveront pas à la convaincre de venir souffler ses bougies. Elle passera le reste de l’après-midi seule jusqu’à ce que tous ses amis soient partis. Lukas, 2 ans, fait une grosse crise à chaque passage au supermarché. De l’excitation débordante à la colère assourdissante en passant par des réclamations incessantes, les courses avec lui sont une véritable épreuve. Inès, 4 ans, a du mal à s’endormir le soir. Le coucher est long et éprouvant pour tout le monde. Elle crie, pleure, chouine, ses parents ont du mal à la canaliser et à la calmer.
Quelles sont les solutions ?
Pour prévenir la surcharge sensorielle et soulager l’enfant, on essayera d’agir sur trois niveaux :
- Observer le comportement de l’enfant
- Prévenir la surcharge avant qu’elle survienne
- Libérer l’enfant de ses tensions
L’observation : comprendre le fonctionnement de l’enfant
En fonction de sa sensibilité, chaque enfant va être plus ou moins sensible aux bruits, aux matières, à la lumière, aux lieux bruyants. Soyez attentif aux comportements de votre enfant dans les situations à risques mais aussi après celles-ci. Dans quel environnement votre enfant se sent-il bien ? Qu’est-ce qui, au contraire, l’agace, le met de mauvaise humeur, provoque des crises ? Vous pouvez noter vos observations sur un carnet ou votre téléphone pour essayer de repérer des régularités. La surcharge sensorielle peut souvent être prise pour un problème de comportement, bien comprendre la cause vous permettra d’éviter de faire de mauvaises interprétations.
La prévention : adapter l’environnement
Une fois que vous avez identifié le profil de votre enfant, tentez de créer pour lui les conditions dans lesquelles il se sentira bien, une sorte de zone de sécurité. Ainsi, si votre enfant est trop sensible aux bruits, diminuez l’accès aux stimuli auditifs en évitant de le sortir dans des endroits publics ou en lui procurant un casque anti-bruit qu’il pourra porter lors des sorties. Au quotidien, veillez à maintenir une ambiance calme, parler doucement. A défaut, n’hésitez pas à proposer à l’enfant de s’isoler quelque temps dans sa chambre. Mettre une musique ou une histoire calme permettra aussi d’atténuer le bruit ambiant. Si votre enfant supporte mal les matières synthétiques ou les vêtements serrés, évitez de les lui faire porter. De la même manière, vérifiez que l’éclairage de la maison n’est pas trop agressif, baissez le volume sonore dans la maison en éteignant la télé et réduisez l’accès aux écrans, dont l’exposition excessive peut à elle seule provoquer une surcharge.
La libération : faciliter la décharge
Une surcharge sensorielle nécessite une décharge. Selon ce qui marche le mieux pour votre enfant, vous pouvez :
- Le laisser seul quelques minutes. Dans certains cas, la présence d’autres personnes (parents, frères et sœurs…) peut rajouter une charge sensorielle supplémentaire.
- Proposer à l’enfant de regarder pendant quelques instant une simple feuille blanche pour décharger son système visuel.
- Lui proposer de s’appuyer debout contre un mur pour bloquer l’accès aux stimuli extérieurs à une partie de son corps.
- Sortir dehors et écouter les bruits de la nature.
- S’allonger et se couvrir entièrement de la tête aux pieds avec une couverture épaisse.
A noter que les parents ne sont pas à l’abri d’une surcharge eux-mêmes. Vous pouvez bien évidemment appliquer les mêmes solutions en cas de trop plein. Pour savoir si votre enfant est concerné par des épisodes de surcharge sensorielle et avoir des conseils personnalisés, n’hésitez pas à me contacter via le formulaire contact de mon site ou les coordonnées indiquées en bas de cette page.
Par Elena Goutard, coach parental