Je veux un bonbon ! Une autre histoire ! Je ne m’assois pas à côté de Lola, je veux être avec papa ! Je veux le bol rose, non plutôt le rouge, non finalement le bleu… Il y a des jours comme ça, où rien ne semble aller pour votre enfant. Il chouine, dit non à tout, change d’avis constamment… Malgré les explications et les tentatives de répondre à ses demandes, vous n’arrivez pas à le calmer. Et, comme tout parent dans cette situation, vous finissez par vous sentir perplexe, démuni ou agacé.
Si rien de ce que vous proposez ne suffit à combler l’enfant, c’est parce que son besoin se situe ailleurs que dans la couleur du bol du petit-déjeuner ou la place à côté de maman. Mais où exactement ?
Une vraie éponge à émotions
La vie d’un enfant est remplie de découvertes, d’expérimentations, de joies mais aussi de moments d’angoisse, de tristesse et de déception. Chacune de ces émotions va laisser en lui une empreinte plus ou moins importante selon la sensibilité qui lui est propre. Quels que soient le tempérament de l’enfant et sa capacité à gérer ses émotions, ce qu’il vit et ressent est souvent trop important par rapport aux capacités de son cerveau à traiter ces diverses informations. Résultat : l’enfant cumule et finit par saturer ce qui donne lieu à des comportements gênants et impulsifs à répétition. Son cerveau ressemble alors à une vraie cocotte-minute.
Cette boule de neige émotionnelle va ensuite chercher une sortie, pour libérer l’enfant. Même une bonne nuit de repos et un gros câlin ne suffisent pas toujours pour retrouver le calme intérieur et ne constituent pas une solution suffisamment efficace pour libérer l’enfant. Ne vous inquiétez donc pas si, dès le réveil, les pleurs et les cris reprennent de plus belle. Votre enfant n’est simplement pas encore allé au bout de son émotion. Voici quelques solutions pour faciliter le processus de libération et soulager l’enfant.
Ne pas prendre ses demandes au pied de la lettre
L’origine de l’émotion est toujours plus importante que ce qu’on voit en premier lieu. Elle est aussi plus difficile à détecter : un conflit avec une copine, une mauvaise note, un déménagement en perspective, un excès d’excitation, des angoisses… La couleur du pyjama est seulement un prétexte qu’utilise le cerveau de l’enfant pour y déposer son émotion. Si vous constatez que vos efforts pour satisfaire les demandes de l’enfant sont vains, ne persistez pas. Pas la peine de lui proposer un énième biscuit ou d’expliquer pendant 1h qu’il ne pourra pas avoir d’autre histoire. Rappelez-lui calmement la règle (ce n’est pas ta place mais celle de ton frère, désolée mon cœur) ou la limite (non, pas d’autre histoire chérie, on la lira demain si tu veux). Prenez-le dans vos bras pour accompagner son émotion, c’est le plus souvent ce dont il a le plus besoin.
– L’enfant n’a pas besoin qu’on réponde à toutes ses demandes. Son vrai besoin est de se sentir moins seul avec sa déception. Seulement là, il deviendra capable de s’apaiser car ses besoins émotionnels et affectifs auront été comblés
Limiter les choix
Même si les enfants aiment pouvoir choisir, ce n’est pas toujours facile pour eux. Très vite, l’inconfort généré par l’hésitation et le besoin de devoir faire un choix (souvent en un temps très court) peut mener à une colère. Si votre enfant met des heures à choisir le cadeau qu’il offrira à son copain ou se met en colère devant son placard de vêtements, il est possible que l’option du choix soit encore trop difficile pour lui. N’oubliez pas que choisir c’est aussi renoncer, et pour un enfant, cela peut être trop compliqué (c’est même le cas pour les adultes). Si votre enfant fait partie de ces « petits hésitants », limitez au maximum les choix : une seule tasse pour le petit déjeuner, une tenue préparée à l’avance pour chaque jour de la semaine, une paire de chaussures pour l’école et une pour les activités sportives. Le but : ne pas rendre le quotidien de l’enfant plus complexe qu’il ne l’est déjà.
Lui offrir un environnement adapté
Si vous constatez que certains moments de la journée sont particulièrement difficiles pour votre enfant, voyez si quelques changements dans votre environnement familial ne favoriseraient pas un retour plus rapide au calme. Tamiser les lumières en fin de journée, éteindre les écrans ou baisser le son de la radio, vous permettront de créer un environnement plus serein et propice à la détente. Privilégiez des activités calmes (lui lire une histoire, faire un jeu de société, regarder ensemble un album photo). Si votre enfant a des frères et sœurs, n’hésitez pas à lui proposer de s’isoler quelques minutes dans sa chambre ou dans un autre endroit calme, à l’abri des bruits et de l’agitation. Cela l’aidera à reconstituer en partie ses réserves d’énergie, essentielles pour faire face aux émotions accumulées.
L’aider à s’exprimer
Quand quelque chose ne va pas dans notre vie, rien ne nous aide mieux que de parler de nos soucis à une personne de confiance, qui nous écoutera avec empathie et sans juger. C’est aussi le cas des enfants. Si votre enfant est ouvert à la discussion, isolez-vous avec lui pour lui poser des questions sur sa journée. Pour engager la conversation, vous pouvez lui demander de vous décrire le meilleur et le pire moment de sa journée, ce qui facilitera l’expression de l’émotion, pas toujours simple pour un enfant. Il pourrait en effet avoir du mal à se confier sur ses difficultés et même parfois à comprendre ce qui se passe véritablement en lui. N’hésitez pas aussi à partager des expériences de votre propre enfance ou de votre vie d’aujourd’hui (Un jour, mon meilleur ami… Quand j’étais enfant, je…). Vos partages et anecdotes lui permettront de se sentir moins seul et lui feront sentir que vous comprenez ce qu’il vit. Certains enfants discutent mieux en voiture ou lors d’une balade, n’hésitez pas à explorer cette piste si votre enfant est plutôt taciturne et n’aime pas parler de ses ressentis.
Accepter son émotion
Parfois, le seul moyen de libérer l’enfant de la tension accumulée est de l’aider à décharger ses tensions en le laissant crier ou pleurer en toute liberté. Même si laisser l’enfant pleurer seul peut donner aux parents l’impression d’abandonner ou de négliger leur enfant, il s’agit dans ces cas-là de manifestations salvatrices qui mènent vers un apaisement. Je recommande au parents de ne pas chercher à tout prix à calmer les pleurs et d’éviter les répliques comme « Calme-toi », « Ce n’est rien » ou « Tout va bien ». Ne cherchez pas non plus à l’amuser ou à faire rire l’enfant dans l’espoir que son humeur s’améliore. Son sourire ne serait qu’une façade et la bonne humeur retrouvée de courte durée. Le droit de pleurer en toute liberté (même si les pleurs durent une heure) est souvent le plus beau cadeau que vous puissiez faire à l’enfant dans cette situation. Vous pouvez le prendre dans vos bras ou, s’il refuse tout contact physique, le réconforter avec un regard compatissant et quelques mots d’empathie (Cela n’a pas l’air d’aller aujourd’hui mon chat, tu as dû avoir une dure journée…). Vous verrez vous-même ce changement bénéfique se produire en lui quand il se sera libéré de toute son émotion. Vous le sentirez apaisé et en paix. Il cherchera de nouveau le contact avec vous et retrouvera l’envie de jouer et de s’amuser. Son comportement s’améliorera aussi de manière considérable.
Par Elena Goutard, coach parental Vous vous posez des questions sur l’état émotionnel de votre enfant ou ne savez pas comment le gérer ? Contactez-moi pour en parler et envisager ensemble des solutions.