Un enfant perfectionniste aspire à la perfection. Il veut avoir des notes parfaites, être le meilleur en sport, réussir parfaitement tout ce qu’il entreprend. Les chercheurs de l’université de Stanford appellent cette quête de la perfection le « syndrome du canard ».
Ces enfants ont en effet l’air parfaits à l’extérieur, mais « luttent émotionnellement avec le stress des exigences académiques les plus élevées ». A l’image d’un canard qui nage paisiblement sur un lac alors que ses pieds s’agitent sous la surface de l’eau.
Caractéristique acquise ou innée ?
Selon les études, l’enfant a plus de chances d’avoir des comportements perfectionnistes si l’un de ses parents est de nature perfectionniste. Mais c’est surtout l’environnement dans lequel l’enfant grandit qui va favoriser le développement de cette caractéristique. Ainsi, l’enfant sera perfectionniste non pas parce qu’il partage les gênes de ses parents, mais plutôt parce que ces derniers se montrent très exigeants dans leur éducation et leurs attentes envers l’enfant.
Les handicaps du perfectionnisme
Un enfant perfectionniste ne supporte aucun échec. A la moindre critique ou reproche, c’est la fin du monde : l’enfant stresse, panique, se traite de tous les noms, devient agressif, perd toute motivation.
Voici les principaux problèmes comportementaux et émotionnels observés chez un petit perfectionniste :
- Abandonne facilement les tâches qu’il ne pense pas réussir à la perfection
- Procrastine ou remet à plus tard tout ce qui le met en difficulté
- Tolère mal la frustration, ne supporte pas l’échec, s’auto-critique, se dit incapable, nul…
- Est très (trop) minutieux, peut mettre 2h à faire un devoir qui ne pourrait prendre que 20 min
- Fond en larmes ou se met en colère chaque fois que le résultat ne correspond pas à ses attentes
- Ne supporte pas que les choses ne se passent pas comme il l’entend. A tendance à se comporter en petit chef avec les autres, dicte ses règles ou, au contraire, évite les autres pour éviter la frustration.
- Refuse d’essayer de nouvelles choses et de prendre des risques, de peur d’échouer ou de se tromper
L’anxiété de performance : le mal de notre époque
Cette envie de réussir et d’être à la hauteur est en réalité une forme d’anxiété qu’on appelle aussi une anxiété de performance. Bien qu’handicapante et difficile à vivre pour l’enfant, cette anxiété peut être difficile à détecter.
- En effet, la recherche de la perfection de nos enfants nous aveugle et nous détourne du problème sous-jacent. On se dit que, si notre enfant ne se contente pas de peu et aime donner son maximum, c’est que, d’une certaine manière, nous avons réussi son éducation. Nous en retirons donc une forme de fierté personnelle.
- Le perfectionnisme nous rassure : un enfant qui vise toujours plus haut, quoi de mieux pour s’assurer un avenir brillant ?
- La société aime les enfants qui « performent ». Avec un profil pareil, l’enfant a toutes les chances de « rentrer dans le moule ». De quoi apaiser nos propres angoisses de parent. Surtout quand on a connu des difficultés dans sa propre enfance.
Et pourtant, il existe une différence de taille entre une envie de bien faire et un perfectionnisme maladif. L’enfant perfectionniste vit dans un état de stress quasi permanent. Il suffit d’une remarque, d’une mauvaise note, d’un devoir difficile et son monde bascule. L’estime de soi de ces enfants est fragile et repose uniquement sur les résultats obtenus et l’approbation des autres.
Quelques solutions pour libérer l’enfant du perfectionnisme à l’excès
Les phrases du type « ce n’est pas grave », « tu n’as pas fait exprès », « tu feras mieux la prochaine fois » ne fonctionnent pas avec un enfant perfectionniste. Les parents auront beau l’encourager et tenter de le raisonner, l’enfant croira peu à cet argumentaire rassurant et pourra se sentir seul et incompris par son entourage.
Je recommande d’aller plutôt dans le sens de l’enfant et de valider son ressenti en essayant de se mettre à sa place. Les phrases du genre « Bien sûr que tu es déçu, tu as tellement travaillé », « C’est difficile de voir quelqu’un réussir mieux que toi » permettent de reconnaître que l’enfant a des raisons de se sentir mal et lui montrent qu’il peut compter sur la compréhension et l’écoute de ses parents.
Pensez à utiliser le jeu pour dédramatiser l’échec et aider à l’enfant à développer une meilleure tolérance à la frustration. Jeux de société, activités sportives en famille… sont autant de moyens pour apprendre à l’enfant à gagner, à perdre et lui faire découvrir ses forces et ses limites. Le tout dans un cadre familier, en dehors de toute pression. Le mouvement et l’humour sont aussi d’excellents moyens de décharger les tensions que l’enfant perfectionniste est susceptible de ramener à la maison.
Rassurez votre enfant sur le fait qu’un échec ou une difficulté ne définissent pas sa valeur en tant qu’être humain. Prouvez-le-lui en relativisant devant une mauvaise note ou un mot de l’enseignant. Rappelez-lui que votre amour pour lui ne repose pas sur sa note en dictée ou ses résultats en compétition de judo.
N’essayez pas de résoudre tous les problèmes à sa place. Laissez-le affronter les difficultés et réparer ses erreurs. Vous l’aiderez ainsi à renforcer sa confiance en lui, point faible chez la plupart des perfectionnistes.
Racontez-lui des parcours atypiques de personnes inspirantes qui ont cumulé des échecs avant d’atteindre leur objectif. Comme par exemple l’auteure de la saga Harry Potter, J.K. Rowling, qui s’est vu refuser la publication de son œuvre 12 fois avant de réussir à la publier, en devenant ainsi le premier écrivain milliardaire de l’histoire.
Parlez librement de vos propres erreurs et difficultés en insistant sur les apprentissages que vous en avez retirés.
Par Elena Goutard, coach parental
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